Je dévisage le téléphone duquel vient de se terminer une conversation aussi surprenante que succincte. Aurais-je dit conversation? Pardon, c’est de ma faute, plutôt une indication qui reniflait l’ordre sans en avoir l’air. Il faut dire que Wilhelm, c’est pas le genre à faire dans la dentelle quand il veut quelque chose. Ce qui, en règle générale, est plutôt une bonne chose. On ne passe pas des heures (ou plus) à tourner autour du pot alors que tout pourrait se régler avec quelques questions. Des questions qui ne font généralement pas très plaisir et donc la raison pour laquelle la plupart des gens font des ronds de jambes avant d’enfin obtenir la réponse qu’ils attendent depuis le départ. Pas avec Wilhelm. Véritable colosse au grand cœur, je le connais depuis que je suis gosse et qu’il était venu à plusieurs reprises s’occuper de bestioles dont mon père ne pouvait pas s’occuper seul. Celui qui ne s’était pas moqué de me voir tricoter, au contraire. Un des rares liens de ma vie d’avant que j’avais refusé de couper.

Enfin il n’empêche qu’il m'a juste dit “demain, derrière la cité HLM” avant de simplement me raccrocher au nez à peine un son de compréhension eu passé mes lèvres. Un soupir s’échappe de mes lèvres. Bon, au moins j’habite dans la cité HLM, donc je n’aurais pas trop de chemin à faire pour arriver au point de rendez-vous. J’ai passé un certain temps à me demander pourquoi il voulait qu’on se revoit. Ca ne pouvait pas avoir de lien avec ma mère. Peut-être Alphonse, qui sait? Pour peu qu’il ait gardé contact avec lui aussi...Bien que connaissant Alphonse, j’ai un petit doute, mais on sait jamais. Sans que ça ne m’empêche vraiment de dormir, ça m’a intrigué. Il faut dire que j’ai tout de même un côté curieux qui n’est pas là que pour faire joli. Alors quand on a un des hommes influent de la Chasse Sauvage qui demande à vous voir, sans rien expliquer, évidemment que la curiosité est piquée à vif!

Le lendemain, alors que je m’apprête à sortir pour le rejoindre, mon regard capte le flyer pourpre au dos duquel la menace envers Ace of Spades avait été déposée lors de son dernier concert. Je reste quelques secondes à l’observer, pesant en mon sein le pour et le contre de l’amener à Wilhelm. Oh, et puis après tout, pourquoi ne pas profiter de la visite de mon ami pour voir s’il a une idée de comment je devrais procéder dans cette situation.

Pour être honnête on l’entend plus vite arriver qu’on ne le voit, Wilhelm. Surtout avec sa carrure si imposante et...bon sang mais ce que même maintenant que j’ai grandis et que j’atteins le mètre quatre-vingt (pas tout à fait mais à quelques millimètres près), j’ai toujours autant l’impression d’être nain à ses côtés. Sa main se posant dans mon cou expluserai presque l’air de mes poumons s’il y était allé un peu plus fort. Mon sourire est faux, car on lit dans mes yeux ce que sa remarque m’inspire: pas grand chose, pourtant je réplique à mon tour.

“Faut dire que ne pas me resservir deux fois aide.”

Puis, vint enfin un début d’explication sur la raison de sa venue ici. Je soupire et hoche la tête.

“Ouais, j’en ai entendu parlé. Je ne la connaissais pas, mais je crois me souvenir d’une fan lors d’un concert de Ace of Spades. Elle avait l’air gentille…” Okay, je n’en mène pas large, mais faut dire que je ne sais aps trop quoi penser de toute cette histoire, surtout que je n’habite pas loin de là où ont eu lieu les attaques “Et puis il y a ceci, je pensais t’en parler avec l’espoir que tu me donnes des conseils mais...si c’est à cause de Vicky que tu es là, alors ça pourrait t’intéresser.”

Je sors le flyer de menace, plié en deux, de ma poche de blouson, tendant le papier au colosse. Maintenant, advienne que pourra comme on dit.